PERSIL-PETROSELINUM CRISPUM

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PERSIL (PETROSELINUM CRISPUM) - NUTRITIF, DÉPURATIF, DIURÉTIQUE

25 janvier 2019 par Christophe BERNARD

Si vous vous plongez dans les vieux écrits sur les bonnes herbes, vous découvrirez que le persil est beaucoup plus qu’un simple accompagnement des plats cuisinés. C’est une plante médicinale qui mérite vraiment qu’on la redécouvre.

Ce n’est pas la première plante à laquelle on vous allez penser aujourd’hui, c’est clair. En revanche, il est primordial de rebâtir notre savoir sur ces plantes simples et locales. Il est fort possible qu’un jour, nous en ayons à nouveau besoin. Et lorsque ce jour arrive, nous serons prêt.

Le plat et le frisé

Le persil (Petroselinum crispum) est une plante bisannuelle de la famille des apiacées (comme le fenouil, la carotte, la coriandre, toutes les graines aromatiques de type cumin, carvi, etc).

Comme vous le savez, il existe plusieurs types de persils, le frisé et le plat en particulier, qui se différencient par leurs différentes variétés botaniques. Le frisé par exemple, c’est Petroselinum crispum var. crispum. Le plat, c’est Petroselinum crispum var. neapolitanum.

Il y a d’autres variétés disponibles, je ne vais pas toutes les passer en revue. Dans le reste de cet article je vais les traiter d'une manière interchangeable. Dans la tradition, le plat est plus apprécié que le frisé, on dit que le plat contient plus de principes actifs. C’est donc plutôt celui-là que l’on va préférer d'un point de vue médicinal

Aspect nutritif

Tout d'abord, c’est une plante très riche en minéraux.

Pour 100 g de persil frais, vous avez :

550 mg de potassium ;

140 mg de calcium ;

50 mg de magnésium ;

6 mg de fer ;

Du phosphore, du zinc, du sélénium, etc. (source : USDA)

Donc fabuleuse plante pour se reminéraliser. Pour information, les minéraux vont rester stable au séchage. Donc si vous avez du persil sec de bonne qualité, les minéraux sont toujours à l’intérieur.

Connaissez-vous la bonne manière d'extraire ces minéraux ? Cela va peut-être vous paraître bizarre, mais c’est l’infusion. L’infusion de persil était très utilisée dans le passé, nous y reviendrons un peu plus bas. L’infusion extrait les minéraux et les rend biodisponibles sous forme liquide. Le persil contient dans les 85% d’eau, donc la quantité de minéraux dont je vous ai parlé pour 100 g de persil frais correspond à environ 15 g de persil sec.

D'un point de vue vitamines (toujours pour 100 g de persil frais) :

Entre 130 mg (USDA) et 240 mg (Valnet). C’est énorme. Pour information, 100 g d'orange contient dans les 50 mg de vitamine C. Pour le kiwi, c'est 160 mg. Le persil est donc une excellente source de vitamine C.

En revanche, voici un point très important : vous perdez plus de 80% de la vitamine C au séchage, et plus de 60% à la congélation (1). Il est donc largement préférable de l'utiliser frais.

Je vous rappelle aussi que la cuisson va vous faire perdre une grosse partie de la vitamine C, d’abord au travers des jus de cuisson qu’il faudrait idéalement consommer pour ne rien perdre, mais aussi au travers de la chaleur.

5 mg de bêta-carotène, précurseur de la vitamine A.

Un large spectre de vitamines B, de la vitamine E.

1,5 mg de vitamine K

Le persil est considéré comme un aliment très riche en vitamine K, ce qui est excellent pour la santé des os. Mais c’est aussi pour cela que si vous prenez des anticoagulants de la classe des anti-vitamine K, on vous a probablement mis en garde au sujet d’une risque possible, en fonction de la quantité absorbée bien sûr.

Antioxydants :

Les études sont claires à ce sujet, le persil a un fort pouvoir antioxydant au travers de certains flavonoïdes comme la quercétine, l’apigénine et la lutéoline. Idem pour certaines substances volatiles comme la myristicine, l'apiol, etc.

Je vous rappelle que ces antioxydants sont notre assurance anti-agression et anti-vieillissement cellulaire prématuré. Il nous en faut beaucoup aujourd’hui, en particulier face à la charge toxique à laquelle nous devons faire face.

Le jus qui rebâtit

Le persil frais peut être ciselé sur vos salades ou intégré à vos jus, c’est-à-dire passé à l’extracteur de jus. Ceci permettra de garder toute sa fraîcheur. N’en mettez pas trop dans votre jus car cela peut devenir relativement fort.

Dans le passé, le persil était utilisé comme un tonique qui aide la personne très faible à se reconstruire. Cela ne devrait pas nous étonner vu sa richesse en constituants. Donc si vous avez un petit passage à vide, une période de faiblesse, pensez au persil dans vos jus de légumes.

Calme les crampes et ballonnements

Première utilisation médicinale : comme antispasmodique digestif et carminatif.

Antispasmodique digestif signifie que la plante relaxe les spasmes, les crampes digestives. Carminatif signifie que le persil diminue la production de gaz, soulage les ballonnements.

La forme qui fonctionne le mieux ici est l’infusion des graines. C’est une infusion très aromatique et qui va délier les nœuds.

Donc utile pour tout ce qui est indigestion. Parfois lorsqu’on a attrapé une infection entérique (grippe intestinale ou petite intoxication alimentaire), après que le plus gros soit passé, on rentre dans une période pendant laquelle les crampes et les ballonnements s'attardent. C’est dans ces périodes que l’on peut sortir les graines aromatiques comme celles de persil.

Dépuratif, mauvaise haleine

Le persil, les feuilles fraîches et mâchées en particulier, ont un effet positif sur l’haleine.

Dans le passé, à une époque où l'on faisait une observation assez fine des choses, on se disait que le persil améliorait probablement les processus digestifs, aidait à la détoxification générale. Valnet d’ailleurs positionne le persil comme dépuratif, il en parle comme "antiseptique du sang, du tube digestif et des voies urinaires".

Ce qui revient donc à dire que le persil a un effet dépuratif général.

Régulation du cycle menstruel

Les graines de persil s'utilisent lorsque les règles sont absentes, situation que l’on appelle aménorrhée. Mais aussi dans les cas de dysménorrhée, lorsque les règles sont pénibles et douloureuses. La graine de persil peut aider à régulariser la situation.

Vu qu’elle est aussi antispasmodique, elle va calmer les crampes du bas-ventre.

Elle est très diurétique aussi, et donc s’il y a rétention d’eau avant les règles avec une sensation de gonflement, de lourdeur, le persil peut aider à faire dégonfler en évacuant l’excès d'eau.

Pour l’absence de règles, on pourrait combiner la graine de persil avec l’armoise commune. Pour les règles douloureuses, on pourrait combiner graines de persil, gingembre pour réchauffer et faire circuler dans la région pelvienne, achillée millefeuille pour décongestionner, matricaire pour calmer les crampes.

Diurétique remarquable

Le persil est utile pour les situations dans lesquelles il y a rétentions d’eau et œdèmes.

Il fournit un effet balai sur le système urinaire, on peut donc l'utiliser pour la prévention des calculs et des infections urinaires par exemple, combiné à d’autres plantes adaptées à la situation.

Valnet explique que le persil aide à éliminer l’urée, les chlorures, l’acide urique. Donc là encore un effet dépuratif que l’on va souvent rechercher dès que l’on travaille sur des problématiques inflammatoires chroniques, pour aider le corps à évacuer certains déchets inflammatoires, que ce soit problèmes de peau, d’articulations ou autre.

Pour l’effet diurétique, il semble que la racine soit la plus efficace, parfois une combinaison racine et feuilles. L’infusion bien dosée des feuilles est très diurétique, faites-en l’expérience avec un beau persil bien séché. Vous allez voir, en principe vous ne serez pas déçu, vous allez passer aux toilettes.

Bien évidemment, je ne suis pas en train de dire que le persil est une plante spécifique pour les problèmes articulaires par exemple. C’est juste une partie de la stratégiela partie dépurative et éliminatrice des déchets. On va la combiner à d’autres plantes appropriées pour la situation.

Par exemple, chez la personne qui a des douleurs articulaires avec un taux d’acide urique qui semblent un peu élevés, on pourrait combiner graine de persil, sommités fleuries de reine-des-prés, feuilles de bouleau et feuilles de cassis par exemple. C’est la synergie qui va être efficace, idéalement une synergie adaptée aux besoins de la personne.

C’est ce type d’information que je vous enseigne dans mes formations, entre parenthèses.

Application externe du persil

Dans le passé, on a beaucoup utilisé le persil pour aider les mères à diminuer la production de lait. On applique directement les feuilles fraîches et écrasées sur les seins (attention ça tache !). Valnet en parle également pour les problèmes de mastite, toujours en application locale.

Cazin donne une application assez intéressante, je n’ai jamais testé mais je vous donne l’information car si Cazin en parle, on écoute. Il dit « le persil, broyé dans le creux de la main avec un peu de sel et introduit en forme de petite boule dans l’oreille du côté malade apaise les douleurs de dents, par un effet révulsif que j’ai souvent eu l’occasion d’observer chez les paysans ».

Intéressant ! Donc si douleur de dent du côté droit par exemple, on met la petite boule dans l’oreille droite. C’est à tester.

Précautions

• Aux doses présentées dans la section suivante, pas chez la femme enceinte ou allaitante

• L’huile essentielle de persil est neurotoxique. L’apiol, qui est un constituant de l’huile essentielle, est toxique à forte dose, ce qui fait que dans certains livres, vous verrez que l’on étend cette toxicité au persil sous sa forme traditionnelle. C'est tout de même un peu exagéré. Si vous restez dans les dosages classiques, en principe, il n’y a pas de risques.

• N’utilisez pas les graines de persil si vous avez une inflammation au niveau des reins vu qu’elles sont légèrement irritantes pour le système rénal.

• Si vous êtes sous anticoagulant de type anti-vitamine K, de fortes doses de persil vous sont contre-indiquées.

• On peut voir parfois des réactions cutanées de type photosensibilité chez ceux qui ramassent le persil et donc qui sont constamment en contact avec, ceci est causé par une substance qui s’appelle le psoralène.

Formes et quantités

Pour les propriétés antispasmodiques, anti-ballonnements, et pour réguler le cycle, on utilise plutôt la graine. Vous la trouverez assez facilement en herboristerie. On la prépare en infusions.

Infusion des graines : Fournier recommande de 25 à 50 g de graines par litre d’eau, prendre 2 tasses par jour. Certains auteurs recommandent des doses plus basses dans les 10 g de graines par litre. D'autres comme Valnet montent à 50 g par litre. Comme d’habitude, c’est la pagaille pour y voir clair. En faisant une moyenne, on tourne dans les 25 g de graines par litre, ce qui est une bonne dose. A ajuster à une tasse bien sûr. Si vous faites une tasse de 300 ml, cela vous fait dans les 8 g par tasse.

Décoction de la plante fraîche : toujours chez Fournier, décoction des racines ou de la plante entière fraîche, 15 à 60 g par litre pour l’effet diurétique. Cela fait une grosse fourchette, là encore avec une moyenne de 30 à 40 g/L de persil frais, on a un bon dosage. Et si vous n’avez pas la racine, la feuille fraîche suffit. Fournier et Valnet vous diront de faire bouillir quelques minutes puis d’infuser 15 minutes, il semble qu’une petite décoction soit nécessaire pour faire une bonne extraction, et tant pis pour la vitamine C.

Infusion des feuilles sèches : je n’ai pas vraiment de données sur les quantités à utiliser, donc personnellement je me cale sur ce que j’appelle les « infusions vertes ». Vous connaissez peut-être les jus verts, ce sont des jus de légumes qui sont très nutritifs. Ce que j’appelle les infusions vertes sont des infusions de plantes très nutritives, des plantes comme l’ortie, l’avoine, ou la luzerne. En général on tourne autour des 20 à 30 g de plante sèche par litre. Idem ici, j’utilise dans les 20 à 30 g/L pour un effet reminéralisant, diurétique et dépuratif.

Références

(1) Valsikova, Magdalena & Mezeyova, Ivana & Rehuš, Marián & Šlosár, Miroslav. (2016). Changes of vitamin C content in celery and parsley herb after processing. Potravinarstvo. 10. 10.5219/687.